Nour-Eddine Lakhmari à tout prix...
Difficile de rester indifférent devant sa vision des choses, sa pensée profonde dans le domaine de la condition humaine, plus présente que jamais dans son dernier long, «Casa-Negra», bientôt sur vos écrans.
Le corps, le visage et le verbe comme grandeurs pour examiner l’énergie, cinématographiquement parlant. Et, surtout, Casablanca l’actrice, plus efficace que le plus efficace des comédiens ; Casablanca d’aujourd’hui, fille de Casablanca d’hier qui s'enorgueillait de son architecture sublime. “Dans Casa-Negra, je n’ai fait que placer la caméra un peu plus bas, pour voir le vrai Casablanca, celui qui n'a de blanc que le nom. Un Casa très réel et intime pour ces silhouettes qui envahissent ses espaces par la force de leurs pas et de leur souffle. On a eu l’habitude, dans le cinéma marocain, de voir Casablanca de haut, plus haut que de raison, ce qui a généré une fausse reproduction d’une ville très distinguée”, indique Nour-Eddine.
Nour-Eddine Lakhmari : une fierté saluée et acclamée par tout cinéphile marocain qui se respecte. L’enfant, qui fréquentait assidûment le cinéma de Martin Scorsese et d'Ingmar Bergman, les parrains du cinéma “plus vrai que nature”, a décrypté le code de la réussite pour être gratifié dès ses premiers courts-métrages, tournés à Oslo, en Norvège, et qui lui valurent bien des honneurs, notamment celui, insigne, d’intégrer l'Académie du cinéma d'Oslo.
Tous les courts de l'artiste ont glané des prix : le premier d'entre eux, “The Silent Struggle”, a reçu le prix du meilleur court-métrage norvégien en 1993. “Brèves notes”, son second court, a tout raflé, avec pas moins de 17 prix internationaux. “Né sans ski aux pieds” a reçu le Prix du meilleur film à Asker, en Norvège toujours, “Paper Boy” un prix au festival de cinéma de Chicago. “Le dernier spectacle” a empoché le Grand Prix du Jury du Festival du court métrage de Norvège, et, enfin, “Dans les griffes de la nuit” a été prix du Jury National de Norvège.
Son premier long-métrage, “Le Regard”, sort en 2005, et séduit les critiques scandinaves mais aussi marocains, empochant notamment le prix international de la Presse à Tromso, en Norvège, ainsi que le prix de la critique au Festival du film francophone de Safi.
Résultat, ce n’est pas évident de parler du cinéma de Lakhmari sans s’attendre à de brillantes explorations se produisant sur les planches du théâtre de la vie, le visage de l'Homme qui vieillit sans être démodé, comme une fresque ambulante dans le temps. C’est toujours l’Homme et ses conditions, et c’est toujours le même cinéaste curieux, un duo à surveiller sur vos écrans. “Je suis un enfant du peuple et c’est pour ce peuple que je fais mon cinéma. Un cinéma accessible non par sa simplicité mais plutôt par sa sincérité”, parachève Nour-Eddine Lakhmari.
Les trois personnes qui ont marqué sa vie :
Mon grand-père : un ancien soldat, qui m’a appris ce que veut dire le mot sacrifice, à savoir donner à sa patrie sans attendre de contrepartie. Il avait l’habitude d'aller chercher sa solde à la poste, chaque fin de mois, et de me donner ensuite de l'argent de poche ; de quoi acheter du chocolat et des tickets pour le cinéma Atlas ou pour le Roxy.
Ma mère : une grande dame, qui m’a démontré, et ce dans la vie de tous les jours, comment être rigoureux ! Celui qui ne fait pas partie des solutions fait partie des problèmes...
Mon prof de cinéma : approfondir sa vision des choses et partir à la recherche de soi et de l’autre dans la complexité simplifiée de l’être humain ! C'est dans son école que j’ai appris tout ça !
Un message pour chacune de ces personnes
Pour mon grand-père : tu as compris mon amour du cinéma, et tu m'as donné ta bénédiction. Je te dois mes premières séances de contemplations cinématographiques !
Pour ma mère : merci de m’éclaircir la vie, même après ton départ. Etre un homme de principe, être ton fils, c’est une fierté au quotidien.
Pour mon prof : le cinéma, c’est l’Homme dans toute sa nature. Les conditions humaines, c’est tout mon cinéma. Merci de m’avoir tant appris !
Les dates qui ont marqué sa vie
1977 : la mort de mon grand père. La mort me l’a volé. D’ailleurs, la mort, comme inspiration, était très présente dans mes premiers courts métrages.
2005 : la mort de ma mère.
2007 : l’année où j’ai décidé de m’installer au Maroc. Il y a plein de choses à faire pour ce pays, il faut juste passer à l’action et ne pas s’attendre à ce que le changement s'opère tout seul.
Quiz
Nour-Eddine Lakhmari : un cinéaste engagé qui fait du vrai cinéma.
Le cinéma : c’est la vie ou c’est un miroir de beaucoup de vies. Le zoom nous permet d’aller au-delà d’un simple reflet miroité, de chercher au-delà des éclats, dans des endroits plus sombres et sensationnels. Le cinéaste, c’est l’historien de demain ! Alors, il vaut mieux bâtir une histoire plus saine et plus certaine.
La Norvège : c’est la liberté inconditionnelle...
Le come-back au Maroc : un challenge !
Le cinéma marocain : un bébé qui fait ses premiers pas. Il faut accentuer les débats et les critiques sur le comment de son évolution pour un demain plus cinématographique.
Etre devant la caméra : c’est très dur ! (rire)
Le casting : un grand bonheur ; c’est une étape où je cherche une sorte de symbiose avec les acteurs, les nouveaux venus surtout.
Casablanca : un coup de foudre, bien que je sois fier d’être originaire de la ville de Safi. Si je m'installe au Maroc, ce sera à Casablanca.
Projets futurs : je suis toujours sur la série “El Kadia”. Pour moi, c’est un bon créneau pour parler du rôle de la femme dans la société. Je suis aussi sur d’autres projets, des cours métrages et des longs qui jouent des coudes dans mon agenda surbooké...
(source : CMV)